Psychiatrie et organicité (Introduction générale)

Notre vision :

D’un point de vue général, il convient de dépasser le clivage organicité-psychiatrie qui nous semble anachronique. L’organicité en psychiatrie, bien qu’essentielle, a longtemps été considérée comme une façon de placer les pathologies psychiatriques dans leur ensemble dans le groupe des « pathologies d’exclusion », une forme de champs par défaut. On a pu penser, en particulier depuis la découverte de la neuro-syphilis, que progressivement nombre de pathologies psychiatriques disparaitraient de notre discipline à mesure que l’on en découvirait une étiologie organique. En creux, cela revenait à ne laisser en psychiatrie que les conséquences psychologiques des situations environnementales.

Nous pensons que les maladies neurométaboliques permettent d’expliciter un autre point de vue, à notre sens bien plus efficient, et surtout plus proche de la réalité. En effet, la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent est avant tout liée à la compréhension du développement dont on imagine, plus qu’on ne connaît, la complexité. Les conditions influençant le développement sont innombrables rendant toute modélisation très complexe ; on citera ici l’expression des gènes, les processus épignétiques, les différents méabolismes (neurotransmetteurs, hormones, vitamines…), les processus cognitifs, les interractions sensorielles, les mécanismes psychopathologiques… Ces différents éléments peuvent être vus comme des co-facteurs du développement. Leur niveau d’influence est variable pour un individu donné, et également variable au cours du développement (cf. figure 1). Les troubles du métabolisme sont l’un ces co-facteurs influencant le cours du développement. Certaines formes de MNM, les plus sevères, produisent des symptômes très marqués et qui sont la marque de l’influence majeure, peut être prépondérante, qu’exercent, pour un individu donné, le métabolisme sur les processus dévelopementaux. Pour d’autres patients, le co-facteur métabolisme peut exercer une influence moindre sur le développment et donc produire une symptomatologie moins homogène car permettant l’expression d’autres co-facteurs. Cette variabilité d’influences des co-facteurs renforcent la necessité pour le psychiatre d’enfant et d’adolescent de tous les prendre en compte, sans exclusive, afin de déterminer une trajectoire développementale qui est la source de la compréhension psychopathologique (dans toutes ses composantes) du fonctionnement du sujet. C’est aussi, évidemment, un apport essentiel pour la prise en charge.

NPEA figure

NPEA figure 2Figure 1a (au dessus)  Figure 1b (en bas)

Figure 1 : Représentation schématique de la résultante de l’influence des différents co-facteurs du développement pour un individu donné (fig 1a) et l’évolution au cours du développement (fig1b). La place prise par un co-facteur se fait au détriment des autres. (Bonnot. O, Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence, 2016 à paraitre)


Notre  colloque s’est tenu à la faculté de Médecine, 21 rue des Écoles 75006 Paris, Amphithéâtre Farabeuf.

Le site avec vidéos des interventions !!!

Il était organisé par le Réseau Européen Maladies Rares et Psychiatrie, Le Groupe de Recherche en Psychiatrie (GDR 3557 – Institut de Psychiatrie), L’Association Européenne de Psychopathologie de l’Enfant et de l’Adolescent (AEPEA) et le Centre Référent Maladies Rares à Expression Psychiatriques et Schizophrénies Précoces (Paris Salpétrière).


Intervenants : Pr David Cohen (Salpétrière, Paris), Pr Marie Odile Krebs (St Anne, Paris), Dr Angèle Consoli (Salpétrière, Paris), Dr Stephane Mouchabac (St Antoine, Paris), Pr Sylvie Tordjman (CH, Rennes), Pr Bernard Golse (Necker, Paris), Pr Olivier Bonnot (CHU, Nantes), Caroline Demily (CH Le Vinatier, Lyon) Lisa Ouss (Necker, Paris), Jacques Dayan (CH, Rennes)


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